La science des données au service du marketing

Ces dernières années, l’importance de  passer d’un web de l’information à un web des connaissances a émergé dans plusieurs domaines, dont le marketing. Les données ne sont plus simplement collectées, amassées, mais analysées et exploitées de manière dite « intelligente ». Alors qu’auparavant les données étaient utilisées pour comprendre comment les campagnes marketing affectaient la demande, les techniques de marketing se concentrent aujourd’hui sur le client. C’est ce que nous appelons le « marketing intelligent », qui trouve son essence dans le « Big Data ».

Marketing et big data

LE BIG DATA

Avant de nous pencher sur le lien entre les données et le marketing intelligent, tentons d’abord de comprendre le concept de Big Data.
Ce qui qualifie le Big Data c’est bien plus que le volume, c’est aussi la variété et la vélocité. Ce sont les trois « V » du Big Data.

  • Le volume : Le volume des données stockées aujourd’hui est en pleine expansion. Selon une étude IDC sponsorisée par EMC Gartner, les données numériques créées dans le monde seraient passées de 1,2 zettaoctets par an en 2010 à 1,8 zettaoctets en 2011, puis 2,8 zettaoctets en 2012 et s’élèveront à 40 zettaoctets en 2020. À titre d’exemple, Twitter génère à l’heure actuelle 7 teraoctets de données chaque jour et Facebook 10 teraoctets.
  • La vélocité : La vélocité représente la fréquence à laquelle les données sont à la fois générées, capturées et partagées. Les données arrivent par flux et doivent être analysées en temps réel pour répondre aux besoins des processus chrono-sensibles. Les discussions dans les médias sociaux sont des exemples de Big Data à forte vélocité.
  • La variété : Il ne s’agit pas de données relationnelles traditionnelles.  Ces données peuvent être brutes (des transactions de vente), semi-structurées voire non structurées (la transcription d’une conversation dans un centre d’appel). Ce sont des données complexes qui proviennent du web (Web Mining), au format texte (Text Mining) et images (Image Mining). Elles peuvent être publiques (Open Data, Web des données), géo-démographiques par îlot (adresses I.P), ou relever de la propriété des consommateurs (Profils 360°).

Big Data

EN QUOI CONSISTE LE MARKETING INTELLIGENT ?

Si l’on en croit la définition telle qu’elle est donnée sur l’encyclopédie Wikipédia, il s’agit « d’une évolution fondamentale du marketing relationnel, qui permet d’agir de façon unique et scientifique, client par client. »

Dans un contexte de crise dans les années 2007-2010, la relation client a été remise au coeur des réflexions des décideurs marketing. Parce que c’est un de leurs « actifs » les plus précieux, certaines entreprises ont cherché à améliorer de plus en plus la qualité de leur relation client.
Aussi, l’avènement du web et des médias sociaux a changé le rapport du public aux marques. La communication de masse perd de son sens, les consommateurs s’expriment librement et attendent des annonceurs une relation basée sur l’échange et l’écoute mutuelle.
En ce sens, le marketing intelligent, qui personnalise de manière chirurgicale la relation client, apporte des réponses concrètes aux clients qui veulent recevoir des propositions adaptées à leurs besoins, qui aiment se reconnaître dans une offre sans la subir.

Ainsi, non seulement l’univers et la composition graphique des campagnes diffèrent, mais surtout, les contenus proposés sont personnalisés : les produits et les services sont adaptés à chacun, les promotions peuvent varier tout comme le nombre de points offerts dans le cadre d’un programme de fidélisation par exemple.
En résumé, les campagnes et surtout les stratégies marketing et commerciales se déclinent en autant de versions que de clients.

Le marketing intelligent impose donc une connaissance approfondie, voire « scientifique » de chaque client.

Marketing intelligent et big dataComment un tel degré de personnalisation est-il possible et sur quelle matière faut-il se baser pour ainsi construire une stratégie de marketing intelligent ? La réponse repose principalement dans la donnée.

BIG DATA + MARKETING RELATIONNEL = MARKETING INTELLIGENT

Dans le cadre du marketing intelligent, la connaissance très complète d’un client englobe l’ensemble des données qui touchent à son comportement transactionnel : les familles de produits achetées, sa fréquence d’achat, le volume du chiffre d’affaires qu’il génère, etc.

Cette connaissance très précise de la base de données transactionnelle permet alors, dans le cadre de campagnes de marketing, de proposer au client le produit ou service dont il a besoin.

L’enjeu est bien de proposer la bonne offre, au bon client, au bon moment.

Cette utilisation « intelligente » des données permet de mettre en place des actions à la fois sur mesure et à grande échelle : il y a autant de mailings que de destinataires, même s’ils sont plusieurs centaines de milliers.

L’analyse des données pour :

  • connaitre le client

Le croisement d’informations directement sourcées par le consommateur et le traitement de larges quantités de données autorisent une analyse de sentiments et une segmentation bien plus poussées que n’importe quel sondage réalisé sur un échantillon. A l’arrivée, une cartographie du marché beaucoup mieux identifiée et une prise de conscience aiguë des besoins des consommateurs.

  • atteindre le client

Avec la géolocalisation des besoins et le reciblage de bannières Web, les moyens d’accéder directement à l’usager final sont désormais plus cohérents avec le désir d’efficacité de toute stratégie marketing.

  • convaincre le client

Ou, autrement dit, la conversion du consommateur à l’acte d’achat. En appliquant des techniques de personnalisation : des offres aux tarifs adaptés aux moyens du consommateur, des simulations en temps réel des produits au gré des préférences exprimées de celui-ci, etc.

Parce qu’il se base sur les données propres à chaque client, le marketing intelligent permet de calculer le retour sur investissement de chaque action tout aussi précisément, c’est-à dire client par client. La donnée vient entretenir la donnée.

Pour parvenir à un marketing intelligent, il faut donc mettre la problématique de l’exploitation statistique de la donnée au même niveau que la problématique marketing. Cela signifie faire travailler en totale synergie des experts data et des experts marketing. C’est seulement à ce prix que la donnée pourra devenir intelligente, intelligente parce qu’analysée, décryptée, et finalement « prête à l’emploi ».

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Dans les coulisses d’Un Blog Des Blogs…

confessions_intimes

Aujourd’hui, pas d’article sur le futur du web, mais un article beaucoup plus personnel. En effet, j’ai été prise dans une « chaîne » de blogueurs. C’est Tête de blog qui m’a mis dans la chaine, dont le principe est le suivant :

  • on commence par révéler 11 choses à propos de soi
  • puis on répond aux 11 questions adressées par le/la blogueur/se qui vous a tagué/e
  • Et on pose 11 autres questions à 11 blogueurs/ses de son choix.

C’est avec plaisir que j’ai accepté le « challenge », histoire de mettre un peu plus d’humain derrière ce blog…

Alors voilà donc…

11 choses à propos de moi

  • Je suis née toute seule ! Enfin pas toute seule, toute seule, ma mère ayant en majeure partie participé, mais sans aide-médicale quoi…. Et comme j’imagine les interrogations qui en découlent, du genre « Quoi ? Elle est née dans une étable en 1885 ou quoi ? », je vais aller plus loin dans le « 36 15 TA VIE »… Je suis bien née dans une Maternité (avec beaucoup de retard pour tout vous avouer…) mais un autre accouchement se passant mal, la sage-femme s’occupant de ma mère a dû prêter mains fortes et je suis née pendant son absence. Et pour conclure l’anecdote en beauté, l’autre accouchement se passant mal s’est bien terminé : un garçon est né en même temps que moi, nos mamans ont même été dans la même chambre… Et j’en profite pour passer un appel : si vous êtes né le 20 novembre 1980, à 16h15, à la Maternité « Les Bleuets » à Saint-Rémy dans le 71 et que vous vous appelez Romain, contactez-moi !
  • Je n’ai pas de Smartphone. J’ai un Nokia basique qui fait juste téléphone et qui a le Snake
    Mon super téléphone

    Mon super téléphone

    comme jeu (Mais il fait torche !)…J’en fais un usage plus que modéré, je l’oublie, le fait tomber et le perds souvent… Bref, le téléphone, c’est pas mon truc. Et, non, ce n’est pas incompatible avec le fait d’être passionnée par le Web et son évolution et les nouvelles technologies ! La preuve !…

  • Je joue de la batterie. Pour être honnête, cela fait un certain temps que je n’ai pu en jouer, mais j’espère pouvoir m’y remettre bientôt, ainsi qu’aux percussions brésiliennes et réintégrer mon poste à la caixa (caisse claire) de la super batucada lyonnaise Bandana. En attendant, je fais du « air-batterie« …
  • Je suis « fautes-d’orthographophobe ». Bien que j’en fasse également moi-même… Mais lorsque j’en vois une, c’est plus fort que moi, je trépigne, il faut que je la corrige ou la signale, quitte à passer pour une bêcheuse, tant pis… Et si les fautes sont trop nombreuses, j’abrège ma lecture, c’est rédhibitoire pour moi (tout comme le « langage sms »…). A ce propos, une de mes dernières lubies est de passer la Certification Voltaire
  • Fireworks clusterJ’adore les feux d’artifices. Lorsque j’en vois un, je me transforme en petite fille de 4 ans : je saute partout, je tape dans mes mains, je m’exclame toutes les 5 secondes, j’ai un sourire niaisement béat… C’est assez déroutant pour l’entourage mais ça aussi c’est plus fort que moi : je ne peux m’en empêcher. Celui qui m’a le plus mise en transe était celui du 14 juillet 2011 à Lyon, dont voici le bouquet final (oui, je me fais plaisir là !) : Feu d’artifice du 14 juillet 2011 à Lyon – Bouquet final
  • Je suis également auteur-multimédia. Je rédige des récits itinérants, interactifs et ludiques dans Lyon, qui se situent entre la chasse au trésor et « L’histoire dont vous êtes le héros ». Ils sont disponibles via l’application Raidigma et sont jouables sur smartphones et tablettes. (C’était la minute « Auto-promo »…)
  • Je vis musique. Je me lève musique, je respire musique, je mange musique, je marche musique… En écouter, en faire, en étudier, en découvrir, tant que ça trouve grâce à mes oreilles. Ces dernières sont très éclectiques, mais avec une sensibilité plus prononcée pour les sonorités hip-hop et blues.
  • Je danse tout le temps.  C’est assez récent, je ne sais pas trop d’où ça vient, mais dès qu’il entend un rythme quelconque, mon corps se met à bouger tout seul… C’est aussi déroutant pour les autres (surtout dans les magasins…), d’autant plus que je danse aussi bien qu’un orang-outan (avec la grâce qui va avec). Du coup, je pense de plus en plus sérieusement me mettre à la danse contemporaine (pour moi la danse la plus expressive dans son essence même) à la rentrée prochaine pour calmer mes spasmes dansants et, surtout, ô espoir suprême, acquérir une certaine grâce (si cela est possible)… Si ça vous intéresse aussi, j’ai découvert cette asso sur Lyon qui a l’air très sympa : l’association Lalyre.

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En parlant musique et danse, une des mes dernières « mono-manies » musicales est « Papaoutai » de Stromae. Oui, j’aime bien Stromae, et alors ?? Je l’écoute exclusivement en regardant son clip, d’une part parce que je le trouve très bien pensé, et d’autre part parce que j’adore les chorégraphies qu’on peut y voir et je rêve de réussir à les reproduire un jour (pourtant je m’entraîne…). Le voilà donc… Clip « Papaoutai » de Stromae.

  • Je suis une ancienne « grande sportive ». Ne tenant pas en place, je suis passée par la natation, le tennis, le hand-ball (où j’ai joué pivot), sans oublier le cross (j’en ai gagné certains dans ma « jeunesse »…). J’ai malheureusement levé le pied pour plusieurs raisons, mais ça me manque cruellement et je compte bien m’y remettre aussi. Depuis quelques temps, j’ai pu être sensibilisée au handisport ; je serai d’ailleurs la Community Manager des Mondiaux d’Athlétisme Handisport qui auront lieu à Lyon (stade de Parilly) du 19 au 28 juillet, et j’espère bien vous y croiser !
  • J’ai une tendance « Pierre Richard ». Il m’arrive souvent des trucs improbables et hyper rares, du genre tique dans l’oeil
    Après la tique dans l'oeil...

    Après la tique dans l’oeil…

    (oui oui, dans l’oeil), entorse au genou en loupant une marche, se déplacer une vertèbre en toussant, trauma crânien en me cognant la tête dans des meubles de cuisine en me relevant après avoir jeté des déchets à la poubelle, lumbago aigu en essayant de danser comme Johnny Clegg pendant un concert (l’ambulance est venue me chercher DANS la salle de concert…). Bref, je connais les Urgences de quasiment tous les endroits où j’ai pu aller…

  • Je recherche du travail en tant que CM. Parce qu’il faut bien que cette chaîne serve à quelque chose ( 😀 ), j’en profite pour passer une annonce : si vous recherchez un CM sur Lyon ou si vous entendez parler d’une opportunité, n’hésitez pas à me contacter !

indexLes 11 questions de Tête de Blog

  1. Frites ou blanquette de veau ? Frites AVEC blanquette de veau, parce que ça se marie très bien ensemble. Mais si je ne devais vraiment en choisir qu’un, ça serait la blanquette car j’essaie toujours de privilégier la bonne bouffe à la junk food.
  2. Ville ou village ? Dans l’idéal, ville la semaine, et village le week-end. J’aime les deux : l’émulation de la ville et le calme du village.
  3. Lyon ou le reste du monde ? Je suis tombée amoureuse de Lyon, mais le reste du monde m’attend !
  4. Télévision ou radio ? A mon grand dam, télévision, mais je ne peux m’en prendre qu’à moi-même ! J’ai toujours réservé la radio aux trajets en voiture, et comme je n’en fais plus… Mais pour tout ce qui est infos, je privilégie la presse écrite.
  5. IRL ou virtuel ? IRL, j’ai besoin de voir et d’entendre.
  6. Mer ou montagne ? Montagne sans hésiter, parce que je m’ennuie vite sur une plage…
  7. Père ou Mère ? Je ne répondrais pas à cette question car je ne veux pas faire de jaloux !…
  8. Pseudo ou vraie identité ? Vraie identité, parce que je ne connais pas la honte !
  9. Facebook ou Twitter ? Facebook, parce que quasiment aucun de mes amis n’est sur Twitter !
  10. Foot ou danse ? Argh… J’ai beaucoup, beaucoup, beaucoup joué au foot dans mon enfance… Je dirais foot pour le passé, et danse pour le futur…
  11. Noir ou blanc ? J’exècre les visions manichéennes, alors je dirais ni l’un ni l’autre et les deux à la fois…

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Et voilà !

Je risque de rompre la chaîne en ne la faisant suivre qu’à une seule personne, mais tous les autres blogueurs que je suis ont déjà participé…

J’invite donc @samya_i, auteure de l’excellent nouveau blog Motiv-On, qui devra donc livrer 11 choses à propos d’elle, puis répondre à mes 11 questions qui sont les suivantes (et je veux des réponses développées, s’il te plait !) :

1. Ton idole/Personne que tu admires particulièrement ?

2. Quelle est la dernière chanson que tu as écoutée ?

3. L’endroit idéal pour toi ?

4. La/les choses dont tu ne te sépares jamais ?

5. (Instant « Portrait chinois »…) Si tu étais un musée, lequel serait-ce ?

6. Le plus grand défi que tu ais relevé ?

7. (Instant « Questionnaire de Proust »…) Ton occupation préférée ?

8. (Instant « Questionnaire de Pivot »…) Le mot que tu détestes le plus ?

9. Le jeu vidéo sur lequel tu as passé le plus de temps ?

10. (« Portrait chinois », 2ème…) Si tu étais un sport ?

11. Une devise ?

Voilà !

Si vous le souhaitez, vous pouvez participer également dans les commentaires !

D’Aristote au Web de demain : l’intelligence collective selon Pierre Lévy

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Lorsque l’on s’intéresse à l’Internet, on se rend rapidement compte que ce n’est pas une technologie comme les autres.

Pour certains, l’Internet a même une valeur et un potentiel anthropologiques.

En ce sens, l’Internet tendrait donc à représenter l’Humain sous tous ses aspects, à travers une synthèse des différentes sciences humaines et naturelles.

(Il est intéressant de noter que le terme anthropologie vient de deux mots grecs, « anthrôpos » qui signifie homme au sens générique, et « logos » qui signifie « parole », « discours ».)

C’est en tout cas sur ce principe que Pierre Lévy fonde le concept d’intelligence collective, dès 1994, notamment dans son ouvrage L’Intelligence collective : pour une anthropologie du cyberespace.

QUI EST PIERRE LEVY ?

Pierre Lévy, au Brésil, en 2009

Pierre Lévy, au Brésil, en 2009

Elève de Michel Serres (philosophe, historien des sciences) à la Sorbonne, formé à la micro-informatique dans les années 80 par le CNAM, il a étudié en France et au Québec des problématiques telles que l’intelligence artificielle, la cybernétique ou encore l’impact cognitif des hypertextes. Au début des années 1990, la création des standards du Web au CERN à Genève (avec Tim Berners-Lee en 1992) et les débuts de la démocratisation des réseaux numériques rendent selon lui la possibilité d’avènement d’une nouvelle société plus réelle.

Pierre Lévy est intéressé par les ordinateurs et Internet, en tant que moyens capables d’augmenter non seulement les capacités de coopération de l’espèce humaine dans son ensemble, mais également celles des collectifs tels que associations, entreprises, collectivités locales, groupes d’affinités… Il soutient qu’en tant que moyen, la fin la plus élevée d’Internet est l’intelligence collective.

Toutefois, il estime que l’intelligence collective n’est en aucun cas un concept nouveau, mais a déjà été pensée par des philosophes du passé, et c’est son cheminement que je vais tenter de vous décrire à présent…

ARISTOTE ET AL-FÂRÂBI

La tradition Fârâbienne

Al-Fârâbi

Al-Fârâbi

Al-Fârâbi est une figure centrale de la philosophie médiévale, puisqu’il influencera l’Islam oriental , l’Islam occidental , les Juifs (Maïmonide) et les Chrétiens. Né dans la région de Fârâd dans le Turkestan, il propose pour la doctrine de la connaissance une « harmonisation » de Platon et d’Aristote, et pour la cosmologie une adaptation d’Aristote à Plotin et sa théorie de l’émanation.

Dans son ouvrage phare, Pierre Lévy explique : « Premièrement, Al-Fârâbî et Ibn Sina ont placé au coeur de leur anthropologie l’idée d’une intelligence unique et séparée, la même pour l’ensemble du genre humain, que l’on peut donc considérer, avant la lettre, comme un intellect commun ou collectif. Ce « conscient collectif » a été nommé l’intellect agent par ces mystiques aristotéliciens […] ».

Et de continuer : « Cet intellect commun relie les hommes à Dieu, un Dieu essentiellement conçu comme pensée se pensant elle-même, une divinité connaissante et connaissance plutôt que toute-puissance, une pure intelligence qui n’est créatrice que par surcroît. A la suite d’Aristote, la théologie d’inspiration fârâbienne s’intéresse moins aux pouvoirs ou à la puissance de Dieu qu’à son énigmatique manière de penser, à sa contemplation éternelle de soi. Par analogie, cette théologie aura donc peut-être quelque chose à nous apprendre sur l’intellectuel collectif et la façon dont il se pense en pensant son monde. »

Pour conclure : « Nous pouvons donc, en cette fin du XXè siècle, nous approprier cette philosophie puisque, s’inspirant de l’aristotélisme et du néo-platonisme, elle hérite de la haine des Grecs pour l’infini. Dieu, les anges, la pensée et le monde y sont appréhendés en termes qualitatifs. Dieu n’est pas infiniment plus que nous (plus puissant, plus sage, plus juste…), mais radicalement autre : unité absolue de la pensée se pensant elle-même. Or cette divinité « autre » étant quantitativement finie, nous pouvons songer à la réintégrer dans la finitude d’une humanité qui ne ce cesse elle-même de devenir autre. »

De la doctrine de l’émanation au « conscient collectif »

 La doctrine de l’émanation sous-entend  une émanation divine, une « action par laquelle Dieu produirait l’univers des esprits et des corps, comme par un écoulement nécessaire de sa nature » (Foulq.-St-Jean, 1962).

Voici comment Pierre Lévy transpose cet écoulement divin en conscient collectif :

« Les humains sont toujours intelligents en puissance mais ils ne passent à l’acte (c’est à dire selon

Aristote

Aristote

la terminologie aristotélicienne, ne deviennent effectivement intelligents et connaissants) que lorsqu’ils sont illuminés par l’Ange. Les formes intelligibles ruissellent de l’intellect agent et quand elles atteignent les âmes convenablement disposées, elles les font passer de la connaissance en puissance (possible) à la connaissance en acte (réelle). Nous ne sommes donc intelligents en acte que grâce à l’intellect agent, commun à l’ensemble de l’humanité, qui est une sorte de « conscient collectif ». Pour l’homme, le degré suprême de félicité est évidemment de s’unir à l’intellect agent, de capter le plus pleinement, le mieux possible, l’émission angélique. »

 En quoi ces théories philosophiques médiévales peuvent-elles nous aider à penser l’intellectuel collectif à venir ?

Voici la réponse de Pierre Lévy  : « à titre expérimental nous allons conserver le schéma fârâbien, mais en inversant ses principaux termes » :

– Ainsi le monde angélique devient : « la région des mondes virtuels par lesquels des êtres humains se constituent en intellectuels collectifs ».

– L’Intellect agent devient quant à lui : « l’expression, l’espace de communication, de navigation et de négociation des membres d’un intellectuel collectif. »

L’INTELLIGENCE COLLECTIVE SELON PIERRE LEVY

« C’est une intelligence partout distribuée, sans cesse valorisée, coordonnée en temps réel, qui aboutit à une mobilisation effective des compétences. »

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  • Partout distribuée : personne ne sait tout, tout le monde sait quelque chose, le savoir est dans l’humanité et non dans une entité transcendante qui organiserait sa répartition auprès de la société.
  • Sans cesse valorisée : le collectif humain ainsi organisé aurait pour richesse centrale l’humain en personne. Pierre Lévy insiste sur la notion fondamentale d’économie des qualités humaines. Ainsi, chaque membre du collectif serait porteur d’une richesse qu’on ne pourrait négliger et qui lui assurerait une place et une contribution uniques au sein du collectif intelligent.
  • Coordonnée en temps réel : la référence est ici faite au cyberespace, outil de support et de soutien de l’intelligence collective, qui seul permet une communication médiatique à grande échelle.
  • Qui aboutit à une mobilisation effective des compétences : l’intelligence collective n’est pas qu’un concept théorique ou philosophique, elle peut sous-tendre une nouvelle organisation sociale effective et efficace, basée sur les compétences, le savoir et les connaissances. L’intelligence collective favorise la puissance (dans le sens de  » en puissance « , à savoir le potentiel créatif qui existe en chacun de nous) plutôt que le pouvoir (qui, au contraire de la puissance, isole, divise et affaiblit).   » La puissance rend possible, le pouvoir bloque.  » : Pierre Lévy invite à  » désinvestir les hiérarchies  » et introduit la notion de démodynamique ( du grec dunamis : puissance, force) contre la démocratie !

Cette notion de dynamique est d’ailleurs fondamentale, puisque l’intelligence collective serait par nature mouvante, déstructurante. L’adaptation y serait continue, mais aussi subjective. Ainsi, on atteindrait à une organisation sociale du collectif qui serait à chaque instant optimale pour chaque individu car constamment recalculée, redessinée de façon unique pour chaque membre. C’est le principe de la  » coordination en temps réel « , et l’outil en est le cyberespace. 

S = signe, B = être, T = chose

S = signe, B = être, T = chose

L’intelligence collective a donc les caractéristiques suivantes :

  • décentralisation du savoir et des pouvoirs,
  • autonomie des individus valorisés en tant que créateurs de sens,
  • expansion d’un espace intersubjectif dégagé des contraintes économiques et étatiques,
  • interactivité constante entre les individus et leur environnement (technique, économique, écologique…) dont les modifications sont perçues et contrôlées en temps réel,
  • désagrégation des structures massives au profit d’entités autonomes, petites et conviviales,
  • émergence d’une nouvelle convivialité et d’une nouvelle éthique…

L’INTELLIGENCE COLLECTIVE ET LE WEB DE DEMAIN

En 2006, Pierre Lévy a lancé le projet IEML (Information Economy Meta Language) : il vise à créer une langue artificielle conçue pour être simultanément manipulable de manière optimale par les ordinateurs et capable d’exprimer les nuances sémantiques et pragmatiques des langues naturelles.

Ce métalangage pourra notamment servir à la gestion des connaissances et à l’adressage sémantique des données numériques.

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Pour terminer ce long billet, je citerai encore Pierre Lévy, à la question :

« Quels effets peut avoir un tel outil sur la société et sur la politique ? » 

Question qui lui a été posée par Michel Alberganti pour son article L’intelligence collective, notre plus grande richesse, paru en 2007 dans Le Monde Technologies :

« Je pense que l’on va devenir plus intelligent. Comme on va plus loin en voiture qu’à pied, grâce à l’exploitation de l’intelligence collective, on pensera plus loin. Je crois que l’on va pouvoir faire les choses de manière un peu plus sensée, en prenant la mesure de la diversité et de la complexité.

Ma perspective politique, c’est celle du développement humain. Il faut connecter la société du savoir avec le développement humain. Cela afin que la société du savoir s’oriente vers un développement intégral qui comprenne tous les aspects de la société. L’économie, l’éducation, la santé, la sécurité, la transmission des patrimoines, la recherche ou l’innovation sont interdépendantes. Au fond, l’intelligence collective, c’est la source du développement humain. »

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Qu’est-ce que le Web 3D ?

3d

Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par une citation du Web 3D Consortium qui présente le Web 3D comme suit :

« Le Web 3D allie le sens humain intuitif de l’espace et du temps avec l’interaction de l’interface utilisateur et l’intégration du langage de programmation produisant une technologie véritablement nouvelle et passionnante pour l’Internet. L’évolution du Net à partir de la ligne de commande à 2D graphique aux interfaces 3D émergentes reflète les progrès fondamentaux en cours vers la conception d’interface centrée sur l’humain – qui va dans la direction d’une expérience médiatisée par un ordinateur plus immersif et réceptif. »

web3d-Consortium-3dlogo

Dans cette définition, les termes d’humain, d’espace, de temps et d’immersion sont essentiels.

En effet, Le Web3D correspondait initialement au concept d’un Web totalement en 3D, des hyperliens reliant les contenants entre eux.

En 1994, apparait son langage historique : le VRLM (Virtual Reality Markup Language). Mais à l’époque, la bande passante et les performances des terminaux ne permettent pas le portage de la 3D vers les navigateurs Web grand public.

Mais aujourd’hui, le terme de Web 3D désigne tous les contenus en 3D interactive. La 3D est interactive lorsqu’il est possible d’agir dessus en temps réel. Si le contenu de l’affichage est calculé en temps réel, cela signifie que l’utilisateur peut modifier a tout moment l’un de ses paramètres. Le contenu de la scène va donc évoluer en fonction des actions de l’utilisateur.

web3dComme le notent des étudiants de l’Université de Limoges, en septembre 2011, dans leur excellente étude Le Web 3.0 : état des lieux et perspectives d’avenir , « la véritable nouveauté réside dans la notion de temps réel et dans la généralisation des technologies le permettant » et continuent « La notion de temps réel, en opposition à la notion de 3D précalculée soumise à des contraintes importantes de temps de calcul préalable, permet donc aujourd’hui plus d’interactivité à travers des demandes de changements effectuées par des internautes habitués aux environnements riches issus du Web 2.0. C’est ainsi que certains auteurs vont même à résumer le Web 3.0 comme étant la somme du Web 2.0 et du Web 3D (Peres, 2008) permettant « une dimension émotionnelle forte qui rapproche et fédère » via « le langage naturel par excellence », la 3D portée sur le Web. »

Le Web 3D rend donc l’Internet attractif et proche du monde réel.

Parmi les applications existantes, nous pouvons citer :

  • la présentation d’objets sur les sites de e-commerce : Comme, par exemple, sur le site des montres Chaumet. Pour en apprendre plus sur l’utilisation de la 3D pour le commerce en ligne, je vous invite à consulter les articles de Frédéric Cavazza à ce sujet.
  • les jeux vidéo,  notamment les « MMO » (jeux massivement multi-joueurs) où les usages sont wowles plus avancés, comme dans  le fameux World of Warcraft
  • les applications : Home Design 3D, appli Iphone et Ipad qui permet de créer et d’aménager sa maison avec un rendu photo impressionnant de réalisme, certainement inspiré de l’outil de conception 3D Cuisine Ikea
  • la gestion d’avatars et les mondes virtuels. Nous pensons bien évidemment d’emblée au « métavers » (ou univers virtuel) Second Life qui permet à ses utilisateurs d’incarner des personnages virtuels dans un monde créé par les résidents eux-mêmes.
  • les visites de sites, musées, patrimoine… J’aimerais citer le Grand Palais qui offre une exploration 3D de son site époustouflante, ou encore le site Roland Garros qui, cette année, nous permettait de visiter le stade et les courts de tennis comme si nous y étions.

Ces usages du Web 3D ne sont bien évidemment pas les seuls, d’autres sont en pleine émergence, et mériteront des articles plus approfondis…

Pour terminer sur cette rapide et générale présentation du Web 3D, il me semble important de citer Sylvain HUET et Philippe ULRICH (Perès, 2007) qui expriment l’idée qu’outre des usages techniques et/ou ludiques, les environnements Web 3D sont de vrais lieux de vie, riches et conviviaux :

« La 3D temps réel n’est pas seulement réservée au domaine du jeu, comme on pourrait le penser au premier abord. Elle permet aussi de développer de nouveaux environnements de travail collaboratif (réunion à distance en web conférence, formation en classe virtuelle), de e-commerce (boutiques et galeries commerciales virtuelles) ou de réseaux sociaux d’expression et de partage (espaces personnels 3D), … des applications tant professionnelles que grand public qui reposent sur la 3D et la collaboration en temps réel.
La seule différence, c’est que l’image qu’on « habite » n’a pas de matérialité, ou plutôt sa matérialité est changeante. Réel ou virtuel, là n’est plus la question. Ce que vous communiquez dans cette image est bien réel : ce que vous faites aux autres, ce que vous dites aux autres est aussi réel que si vous utilisiez un support matériel. On parle souvent de « l’âme d’une maison », en évoquant en fait les traces que les habitants et les visiteurs y laissent. Il en est de même pour l’image qu’on habite : elle est marquée par la vie qui s’y organise.
« 

Pour aller d’ores et déjà plus loin dans la réflexion sur le sujet du Web 3D, je vous invite fortement à regarder ce débat sur le thème « Le Web 3D est-il l’avenir d’Internet », visible sur la Web-télé collaborative TECHTOC.TV.

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Une nouvelle Smart TV Samsung pour 2013

Samsung_smart_tv

Le jour de Noël, Samsung nous offrait, sur son compte Flickr , 3 photographies nous montrant un avant-goût de ce que sera sa nouvelle plateforme Smart TV, connue sous le nom de Smart Hub.

Le géant coréen en a profité pour annoncer qu’elle sera dévoilée lors du plus grand salon mondial de la technologie, le CES 2013, qui se tiendra à Las Vegas du 8 au 11 janvier prochain.

Selon le blog Samsung Tomorrow , l’interface utilisateur sera divisée en 5 catégories :

  • Télé en direct
  • Films et séries télé (Vidéos à la demande)
  • Applications (Jeux, magazines, etc)
  • Réseaux sociaux
  • Photos, vidéos, musique

La nouveauté qui semblerait être majeure serait la façon de naviguer avec la fonction « Flipping ». Par un seul mouvement de la main, l’utilisateur pourra naviguer entre les différents écrans, Samsung le comparant à la façon dont on feuillette les pages d’un livre…

Le menu se présentera sous forme de tuiles, similaire à Microsoft Windows 8.

En attendant que la nouvelle « télé intelligente » de Samsung soit entièrement dévoilée, voici la vidéo annonçant sa présentation au CES :

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